Si vous ne connaissez pas encore les blockchains, vous allez vite en entendre parler et cela va décoiffer !

Si vous ne connaissez pas encore les blockchains, vous allez vite en entendre parler et cela va décoiffer !

Vascoo-UP

Derrière le nom abscons de blockchains se cache (encore) une révolution du numérique. Cette technologie devrait influencer la vie de milliards de personnes qui ne le savent pas encore. Cela se produira dans les prochains mois et les prochaines années, par la transformation de pans entiers de l’économie. L’ampleur des effets des blockchains sur l’économie numérique pourrait être comparable à ceux du CRISPR – cas9 sur le génie génétique.

blockchain 3Tout le monde ne connait pas encore les blockchains, mais nous connaissons tous le Bitcoin. Cette monnaie numérique ne peut exister qu’en s’appuyant sur la technologie blockchain. Le but de cet article n’est pas d’en expliquer le fonctionnement, mais ce que cette technologie permet, et en quoi elle transformera une partie de l’économie et même de la société. Pour ceux que le fonctionnement intéresse, des liens sont fournis à la fin de cet article.

On pourrait résumer l’usage des blockchains en disant qu’ils permettent, pour la première fois en informatique, de disposer d’une solution simple et sûre, garantissant que l’original ne sera pas confondu avec la copie. Cette simple possibilité est révolutionnaire. Internet, qui gère de l’information, est donc désormais en mesure de gérer des actifs. Les conséquences sont considérables, et nous sommes loin de les avoir toutes anticipées.

En effet, grâce à la technologie blockchain, nous pourrons gérer, simplement et en toute sécurité, aussi bien la propriété intellectuelle, l’identité, les actifs financiers, les flux financiers, que l’exécution des contrats, et même les votes. Le tout sans point central ni intervention d’un tiers de confiance.

En dehors des monnaies numériques, quelles sont les conséquences pratiques des blockchains ?

Sur l’économie collaborative

La blockchain permet à l’économie collaborative de redevenir réellement collaborative. En effet, les travailleurs indépendants ou exerçant un emploi alternatif ne sont plus soumis à une plateforme centrale fixant des conditions d’exercice et prélevant des commissions sur les services effectués. Grâce à la blockchain, ils entrent directement en relation avec leurs clients, et décident de leurs propres tarifs.

Plusieurs projets d’organisation collaborative basés sur la blockchain se sont développés ces dernières années, comme La’Zooz, application de covoiturage décentralisée, lancée en 2015 par une startup israélienne, où les transactions sont d’ailleurs rémunérées en bitcoins. Dans le même domaine, Arcade City a été créée aux Etats-Unis en 2015. Comme La’Zooz, elle ambitionne d’être détenue à 100% par ses utilisateurs.

Dans le secteur des services à la personne, Task Rabbit, créée en 2008, permet à ses utilisateurs de solliciter l’aide d’autres utilisateurs pour réaliser des tâches du quotidien (courses, bricolage, déménagement, aide administrative, etc.). Dans le secteur hôtelier, l’application Fairbooking, lancée en 2013, permet de réserver un hébergement sans passer par une centrale de réservation…

La multiplication de ces applications annonce une nouvelle ère dans l’économie collaborative, car elle en transforme le modèle actuel investi par les Uber, Booking.com ou Airbnb. Après avoir « uberisé » l’économie, ces grandes plateformes mondiales pourraient elles-mêmes être « uberisées » par des structures encore plus décentralisées et horizontales.

Sur la finance

La blockchain révolutionne le marché du transfert d’argent entre particuliers, qui représente environ 550 milliards de dollars dans le monde[1]. Tandis que les intermédiaires traditionnels comme Western Union appliquent des taux d’environ 10% sur les transactions internationales, l’application Abra – qui repose sur la blockchain – promet des transactions gratuites (plus vraisemblablement à 2% mais cela divise quand même le coût par 5).

Quant aux banques, leurs clients pourraient économiser jusqu’à 16 milliards de dollars en frais bancaires et cotisations d’assurance, grâce à des contrats blockchain intelligents, d’après Capgemini[2]. Plusieurs banques ont saisi l’enjeu (et la menace) que représente les blockchains pour leur secteur. Certaines testent actuellement le développement de produits sur des plateformes blockchain, comme BNP Paribas, la Deutsche Bank ou le Crédit Suisse.

Sur la démocratie

La blockchain permettrait à un vote électronique sécurisé de se substituer au traditionnel vote à bulletin secret. Un système de vote via une plateforme blockchain empêcherait les fraudes et les manipulations, et permettrait d’obtenir des résultats rapides, transparents et facilement vérifiables. Cela encouragerait les institutions à lancer des consultations, et les citoyens à voter… Le potentiel de la blockchain en termes de démocratie est indéniable.

Sur les titres de propriété

Enfin, le recours aux blockchains est une opportunité certaine de recenser et de clarifier la propriété foncière dans certains pays (nombreux) ne disposant pas d’un cadastre. Par exemple, au Ghana, où aucun cadastre officiel fiable n’existe, un projet porté par l’ONG Bitland consiste à répertorier les titres de propriétés sur une plateforme blockchain, afin d’établir un cadastre numérique infalsifiable et incontestable, consultable par tous. Cette initiative vise à officialiser la propriété de biens immobiliers et résoudre les conflits et problèmes qu’elle suscite.

L’absence de preuve de propriété est un frein considérable au développement, de telles technologies auront des conséquences positives sur la vie de centaines de millions de personnes.

Il ne s’agit là que d’exemples. De nombreux autres usages seront imaginés à l’avenir. Ils transformeront des secteurs comme la banque, l’édition, l’industrie musicale, et plus généralement tous les intermédiaires qui n’apportent « que » la valeur d’un tiers de confiance, comme les notaires.

Les montants réinjectés dans l’économie réelle par les applications blockchain sont considérables, bien qu’encore difficiles à estimer. Si l’on ne prenait que l’exemple des transferts d’argent, 55 milliards d’Euros seront transférés chaque année des circuits financiers vers l’économie réelle.

Cependant, l’effet majeur des blokchains est la baisse des barrières à l’entrée dans un grand nombre de secteurs. De même que le e-commerce a engendré un foisonnement de vendeurs sur Internet, avec des succès emblématiques, les blockchains donneront potentiellement accès à l’échange d’actifs à des milliards de personnes

Il est plus important que jamais de connecter le « last billion » pour éviter d’amplifier une fracture numérique et économique que cette technologie peut au contraire réussir à réduire. Nous ne doutons pas que les pays émergents sauront s’emparer de cette opportunité comme ils ont su le faire pour la téléphonie mobile.

Pierre FRANCOIS
Amélie BONNET

[1] http://www.lesechos.fr/13/03/2015/lesechos.fr/0204223716940_l-actu-tech-de-la-silicon-valley—abra–la–killer-app–qui-va-booster-la-monnaie-digitale.htm#
[2] https://www.fr.capgemini.com/sites/default/files/cp_capgemini_etude_blockchain_smart_contracts_fr_14_nov.pdf