Voyez-vous encore les ados lire un manuel d’utilisation ?

Voyez-vous encore les ados lire un manuel d’utilisation ?

Vascoo-UP

La transmission du savoir est une question fondamentale tant pour la formation initiale que pour celle nécessaire tout au long de sa vie.
La transformation numérique a-t-elle un impact sur cette transmission et lequel ?

L’analyse de l’influence de la transformation numérique sur la transmission du savoir peut se faire selon 3 axes :

  • Les comportements, notre rapport à la formation évolue-t-il et comment ?
  • Les possibilités, existe-t-il de nouveaux modes de formation ?
  • La nécessité, avons-nous besoin de plus de formation ou d’un autre type de formation ?

Les comportements

Ils évoluent manifestement !

L’une des évolutions est générationnelle, la volonté d’apprendre vite, plus par une approche collaborative ou par essai-erreur que par une démarche structurée ou exhaustive existe. Ce changement est intéressant et probablement positif mais les modes d’enseignement traditionnels n’y sont pas adaptés. Les conséquences sont encore difficiles à anticiper, on peut craindre la constitution d’un savoir mosaïque manquant de cohérence. Cette crainte n’est pas obligatoirement fondée, et chaque évolution générationnelle a engendré ce type de crainte, le plus souvent démentie par les faits.

Une autre évolution pourrait être appelée « l’effet Google ». Etant donné que l’information est très facile à trouver pourquoi la retenir ? C’est aussi une médaille à deux faces. Le positif est la concentration sur la compréhension plus que la mémorisation. Le négatif, ce sont les exigences de la créativité qui nécessite d’effectuer des associations. Si nous n’avons pas en mémoire les données à associer cela peut appauvrir notre capacité créatrice.

Cette évolution des comportements est inéluctable, ce sont donc les outils et méthodes d’enseignement qui doivent évoluer et non l’inverse.

Les possibilités

Le numérique ouvre-t-il de nouvelles possibilités de formation ? La réponse est évidemment oui. Ce qui est passionnant est que ces nouveaux possibles vont sans doute contribuer à résoudre une partie des défis de l’éducation. Les défis que nous pouvons adresser de cette façon sont :

  • La différentiation, chacun n’apprend pas de la même façon ou au même rythme.
  • La localisation, on n’a pas accès aujourd’hui aux mêmes possibilités d’enseignement en fonction de son lieu de résidence
  • Le temps, il est possible de se former au moment de son choix

Si ces possibilités sont bien utilisées elles rebattront les cartes sur l’éternel débat entre formation unique « républicaine » issue en France du collège unique de René Haby et formation « utilitariste » déterminée selon la capacité d’apprentissage de chacun.

La nécessité

Il n’est pas forcément nécessaire de se former plus mais de le faire plus souvent. La formation tout au long de sa vie à toujours été nécessaire, elle est maintenant indispensable. L’accélération des évolutions et la croissance de leur ampleur impose d’acquérir des compétences nouvelles, voire entièrement différentes, plusieurs fois au cours de sa vie professionnelle.

Le dernier World Economic Forum (connu sous le nom de Forum de Davos) a mis en lumière les risques d’une nouvelle fracture sociale selon une ligne de « learnability ». C’est-à-dire en fonction non pas de la connaissance acquise mais de la capacité à acquérir de nouvelles compétences. Les prévisions du forum de Davos sont intéressantes car elles sont souvent autoréalisatrices, ceux qui les formulent détenant les leviers de commande économiques et politiques, ils les appliquent…

Cet impératif de formation continue impose de tenir compte des nouveaux comportements et des nouvelles possibilités. Il n’est pas certain que ce soit aujourd’hui le cas.

Quel avenir pour la formation ?

Pierre Dac disait que les prévisions sont difficiles surtout quand elles concernent le futur ! On peut imaginer deux avenirs de la formation selon son degré de pessimisme ou d’optimisme.

Une vision pessimiste d’un monde dans lequel les connaissances sont émiettées, la liberté de se former où on le souhaite et quand on le souhaite se traduit par « nulle part et jamais », les connaissances acquises se démonétisent ce qui peut conduire à tout instant à un déclassement professionnel…

Une vision positive d’un monde où les MOOCs (Formation en ligne ouverte à tous) permettent à chacun de se former selon son rythme et ses besoins, où le destin professionnel n’est pas fixé par un concours que l’on a réussi ou raté à 20 ans, où les serious games rendent l’apprentissage ludique et désirable, où l’on a accès aux meilleurs professeurs quel que soit son lieu de résidence ou ses moyens…

La réalité sera différente et probablement quelque part entre les deux. Pour ma part, les atouts m’apparaissent beaucoup plus nombreux que les risques. Je suis persuadé que les possibilités offertes par le numérique et l’évolution des comportements générationnels vont engendrer un progrès majeur dans le domaine de la formation et de la transmission des compétences. Comme toujours, le numérique n’est qu’un outil, l’avenir dépend de ce que nous en ferons.

Pierre Francois
P-DG Vascoo UP