Revenons sur terre !
A cette question stratégique « comment créer de la valeur à partir de ses données », l’infosphère excelle à développer les puissants concepts du big data, disserte de l’avenir des data scientists, s’extasie de l’intelligence artificielle mais rien de très concret pour nous donner quelques clefs quand on est cadre dirigeant d’une PME. L’un des paradoxes de cette ère nouvelle est que nous stockons de plus en plus de données, mais sans but précis ou sans mode opératoire pour les contrôler, les exploiter, les rendre intelligentes….
Quel est le potentiel réel de vos données et comment peuvent-elles se valoriser ?
De l’importance d’avoir identifié son objectif
Bien entendu, les données existantes sont la matière première de votre projet, et il vous faudra déterminer l’existence, la qualité ou bien encore l’utilité de toutes ces informations, mais le premier obstacle à franchir est de revenir aux fondamentaux de toute entreprise : définir ou redéfinir le business model. Pierre angulaire de tout édifice commercial, il est pourtant souvent remisé aux oubliettes devant l’inexorable impératif du quotidien.
Votre business model est-il aligné avec l’innovation et les usages des technologies actuelles ?
- Non ? N’allez pas plus loin, repensez votre modèle avant d’entamer ce qui suit.
- Oui, vous avez une bonne connaissance des enjeux, de votre proposition de valeur, de votre caractère différenciant.. A partir de cette grille de lecture, vous pouvez transposer quelques éléments clefs pour améliorer ou renouveler votre chaîne des valeurs. Par exemple : si votre problématique est sur la visibilité numérique de votre entreprise, il vous faut faut disposer de données de mesure pour améliorer et atteindre vos objectifs marketing. L’outil fera le travail de collecte et de mesure, mais ne définira pas à votre place les objectifs et le potentiel, et n’en déduira pas les actions à mener. L’outil fera le travail de collecte et de mesure , mais ne définira pas à votre place les objectifs et le potentiel, et n’en déduira pas les actions à mener.
De l’idée à la preuve du concept
Pour convaincre une direction d’entamer un projet, il faut des faits. Il faut donc des mesures sur l’avant et l’après pour décider de la généralisation d’un concept ou d’une bonne idée. Quand les potentiels et les idées se bousculent c’est plutôt bon signe, mais il faut pouvoir ordonner et prioriser les besoins en conservant le cas le plus simple à traiter, qui ne demandera pas ou peu d’investissement. Visez un exemple facile, avec des bénéfices immédiats, qui vous permettra d’exploiter des données déjà existantes et issues d’une source de données accessible. En effet, exploiter des données issues d’objets connectés n’est pas toujours simple, de même qu’exploiter des données issues de processus internes, car ces dernières ne sont pas toujours numérisées ni structurées. En règle générale, les cas les plus simples viennent des données clients qui se trouvent tout naturellement dans des progiciels de gestion comme les CRM ou les ERP.
Selon vos enjeux et vos priorités, cet exercice peut vous conduire par exemple à définir, dans un pipe commercial, les devis qui ont un potentiel de signature. En collectant toutes les informations utiles, un service dans le cloud (algorithme) est capable d’évaluer des prévisions vous permettant de prendre les bonnes décisions et d’éviter de vous fier uniquement à des avis, quelquefois subjectifs.
Centralisez vos données
C’est l’exercice le plus technique et le plus long, car il requiert une vision globale de tout ce qui est détenu par l’entreprise en matière d’information et de tout ce qui n’est pas encore collecté et qui devrait l’être. Quelles sont les informations que vous devriez détenir et que vous ne possédez pas ? Souvent, les informations de personne à personne sont stockées, tandis que les données créées par les objets ou par des systèmes le sont plus occasionnellement. Si la majorité des entreprises exploitent désormais les données marketing de leur site web, il est plus rare d’observer la valorisation de données logistiques par exemple, pour en améliorer les processus.
Les données numériques actuelles sont souvent stockées en « silo » dans différents logiciels, ce qui réduit votre capacité d’analyse, car elles ne sont pas « corrélables ». Question limitée = réponse limitée. Par exemple, une société voulant exploiter les données de ses équipements intelligents ou objets connectés, aura besoin de les agréger avec les données provenant d’autres systèmes, pour associer des éléments bruts (mesures) à des données entreprise (financières, gestion…).
En premier lieu, menez une action de cartographie de vos données et une identification de celles qui vous manquent.
Puis évaluer le projet de leur centralisation dans un entrepôt de données. Ce type de service est désormais très répandu et pas très cher dans le cloud chez les plus grands acteurs du marché. Sauf cas spécifique, n’internalisez plus.
Et enfin, choisissez un outil d’exploration et de visualisation transverse, pour vous permettre l’analyse et la restitution de vos données.
Conclusion
Des données créatrices de valeur, oui, mais pas sans la participation de la direction générale et un effort particulier mis sur les potentiels de votre business model et sur une gestion centralisée des données pour faire face à l’augmentation des volumes, des sources et des nouveaux usages.
Eric Muller
Consultant